Gambie
L’ancien homme fort de Banjul Yahya Jammeh doit répondre de ses actes commis durant ses 23 ans de règne sans partage (1994-2017) sur la Gambie. C’est le plaidoyer fait ce mardi par le porte-parole de Human Rights Watch qui épaule les victimes, l’avocat américain Reed Brody, à l‘émission “Invité Afrique” de Christophe Boisbouvier.
Comme bien d’ONG et autres défenseurs des droits de l’homme, Reed Brody accuse l’ancien dictateur de terribles violations de droits de l’homme. “Depuis la chute de Yahya Jammeh en janvier, on en sait beaucoup plus sur ses crimes présumés. Il y a des personnes du rouage qui parlent”, a dit l’avocat surnommé “chasseur de dictateurs”.
En effet, le régime de Jammeh aurait mis en place un système d’exécutions extrajudiciaires, des détentions arbitraires et de disparitions forcées. Des journalistes et des opposants politiques auraient été torturés. Sans oublier des crimes économiques, car il est reproché au despote des détournements ayant plongé le pays dans des dettes, quitte à pénaliser les générations futures de son pays.
Ayant refusé de reconnaître sa défaite aux élections de 2016 face à l’opposant Adama Barow, Jammeh est parti en exil sous pression de la communauté internationale et suite à la menace d’une intervention militaire de la Cédeao. L’ancien homme fort est aujourd’hui exilé en Guinée équatoriale où il semble bénéficier de la protection de Teodoro Obiang Nguema Mbassogo, un autre dictateur selon des Ong.
L’avocat américain Reed Brody ne veut que d’une chose : voir Yahya Jammeh devant la barre d’un tribunal pour qu’il réponde de ses crimes. Et le surnom de “chasseur de dictateurs” semble bien à la mesure de son activisme. Brody a fait partie des personnes aux avant-postes militant pour le procès et la condamnation de l’ancien président tchadien Hissène Habré, accusé des mêmes crimes que Jammeh, tout au long de sa présidence de 1982 à 1990.
Mais, contrairement à Habré qui s‘était exilé au Sénégal – où s’est notamment tenu son procès – Jammeh vit son exil sur une terre dirigée par celui que beaucoup qualifient de dictateur. Difficile donc pour la justice équato-guinéenne soupçonnée d‘être inféodée au régime d’Obiang Nguema, d’ouvrir un procès contre Yahya Jammeh. Plus hypothétique encore, l’extradition de l’ancien président en Gambie.
Reed Brody plaide donc pour la création d’un tribunal indépendant qui jugera non seulement Jammeh, mais bien d’autres dictateurs impénitents qui continuent de martyriser des millions d’Africains.
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